Eddy Buchert a créé un laboratoire pour faire des spermogrammes maison à Montpellier

Dans un désir de déconstruire son genre et de pallier le manque de savoir du corps médical sur la contraception masculine, ce montpelliérain monte un laboratoire associatif pour apprendre à faire des spermogrammes.

Eddy Buchert a monté un labo participatif pour vérifier le bon fonctionnement de sa contraception. / Crédit : Lucie WEEGER

« Il y a une hotte, des couvains où on peut mettre en culture des bactéries, des microscopes, des brûleurs, des tubes à essais, un écran LCD. » Eddy Buchert, 29 ans, énumère les éléments qui composent le laboratoire participatif au BIB à Montpellier. L’éducateur spécialisé l’a conçu pour étudier soi-même son spermogramme, analyse du taux, de la forme et de la mobilité des spermatozoïdes dans le sperme. Généralement, ces tests sont effectués dans les cas de troubles de la fertilité. Pour Eddy, « le spermogramme me sert à vérifier l’efficacité de ma contraception. »

Voir aussi – La contraception, ça fait mâle ?

L’éducateur spécialisé utilise une contraception à remontée testiculaire. Le principe est de remonter les testicules dans les canaux inguinaux pour qu’ils « chauffent » et cessent la spermatogenèse, c’est-à-dire la production de spermatozoïdes.

D’après une étude de l’OMS sortie en 2010, un homme est considéré comme stérile en dessous de la concentration d’un million de spermatozoïdes par millilitre de sperme. « Au regard des résultats suite à la contraception thermique, on passe de millions à quelques unités. Explique le montpelliérain. Par exemple, je suis passé d’une concentration de 73 millions de spermatozoïdes par millilitre à 12 unités immobiles. »

De patient à sachant

Contracepté depuis novembre 2020, Eddy s’est vite confronté à une institution médicale ignorante de ce procédé. « Quand je suis allé voir mon médecin généraliste pour qu’elle me prescrive un spermogramme, elle m’a regardé de travers. » Très renseigné, Eddy explique à son médecin l’utilité du spermogramme dans sa démarche contraceptive. « Elle était quand même à me dire, ”Votre partenaire peut prendre la pilule. » Il soupire « On en vient à devoir expliquer aux médecins des choses qu’on attendrait d’eux. »

Sur Discord, une messagerie instantanée, un groupe d’hommes contraceptés échangent sur leur contraception. Ils témoignent d’expériences semblables à celle d’Eddy. Des médecins qui leur « rient au nez, leur annoncent des maladies suite à cette pratique sans fondement scientifique.» Certains demandent de l’aide sur Discord pour comprendre leur spermogramme suite à un rendez-vous peu clair avec leurs patriciens. « C’est là où c’est fou. C’est une communauté d’amateurs qui lisent des spermogrammes. »

Pour pallier les discours discriminants ou peu avertis, cette communauté met en place une liste de médecins bienveillants et éduqués sur le sujet. Comme le site Gynandco qui recueille les coordonnées de gynécologues féministes. 

Autonomie

Pour Eddy, être autonome dans cette démarche est essentiel. C’est pourquoi il a créé ce laboratoire participatif. « C’est deux intentions dans le même geste, se rassurer, mieux connaître son corps et surtout diffuser ce savoir-là. » Avec l’aide de biologistes et d’un mode d’emploi pour créer son spermogramme maison, baptisé Sperm’home, le montpellérain a mis les choses en place.« Pour la modique somme de 500€ » qu’il a avancé de sa poche. 


Sa démarche s’inscrit dans sa déconstruction masculine. Ces questionnements sur son genre se sont progressivement cristallisés dans la contraception. « Ce serait peut-être ça être un vrai gars : porter ses couilles. De manière très viriliste, ça veut dire avoir du courage. Est-ce que t’as vraiment le courage de vraiment les porter ? Toi tu parles au sens figuré, nous on parle au sens propre. »

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